Le bel avenir du Clos Maïa

Je l’ai déjà écrit, sur ce blog et dans d’autres publications, Géraldine Laval et le Clos Maïa sont promis à un bel avenir. Dans son numéro de février 2012, où elle consacre tout spécialement une dégustation au Grenache, la Revue du Vin de France ne manque d’ailleurs pas de relever le talent de cette jeune vigneronne, sur la base de son premier millésime, 2009 (voir ma note de dégustation sur ce même millésime à la fin de ce post).

À l’école des plus grands

Titulaire de plusieurs diplômes de choix (BTS commerce en vins et spiritueux, BTS viticulure-oenologie, diplôme national d’œnologie) Géraldine Laval s’est surtout formée chez quelques-uns des plus grands vignerons de France.

Elle a ainsi pu travailler avec Olivier Leflaive en Bourgogne, Jean-Louis Chave dans la Vallée du Rhône et Olivier Jullien en Languedoc. Avant de rencontrer Olivier Jeantet (Mas Haut-Buis, Terrasses du Larzac) dont elle est aujourd’hui la compagne.

À la Vacquerie, où elle a son chai dans une ancienne laiterie, elle en dit un peu plus sur son parcours et ses projets. Interview.

Pourquoi avoir choisi le Languedoc alors qu’il y avait des vignes dans ta famille à Bordeaux ?

À Bordeaux, j’ai fait un stage au Château Cantenac-Brown où j’ai vu ce que je ne voulais pas faire. Mais surtout, il manquait les trois éléments qui me sont indispensables pour que je me sente bien dans un endroit : la roche, le végétal et l’eau. Il y avait trois terroirs qui m’attiraient : Irrouléguy où ce n’est pas évident de s’installer, Calce (Pyrénées Orientales) où la sécheresse et les petits rendements me faisaient peur, et le nord des Terrasses du Larzac (Poujols, Lauroux) à cause de l’altitude, de la présence de l’eau et de sols drainants calcaires. Le stage que j’ai pu faire chez Julien Zernott au domaine du Pas de l’Escalette a été décisif dans mon choix.

Tu as fait des études d’œnologie, est-ce qu’elles te servent aujourd’hui ?

Le BTS commerce en vins m’aide à comprendre comment vendre mon vin selon mon idéal, ça m’économise beaucoup de temps de réflexion. Le BTS en viticulture à Beaune m’a appris beaucoup de choses grâce à des professeurs qui vinifiaient eux-mêmes. On recevait donc bien plus que de la théorie pure. Ca m’a aussi permis de faire un stage chez Olivier Leflaive. Quant au diplôme national d’œnologie (DNO), il ne m’a pas vraiment servi. J’ai été déçue de l’enseignement, que j’essaie d’oublier aujourd’hui. En revanche, c’est grâce au DNO que j’ai pu aller travailler chez Jean-Louis Chave.

Justement que retiens-tu de tes rencontres avec quelques-uns des plus grands vignerons de France ?

Chez Chave, j’ai vu ce que je voulais faire, j’ai énormément appris sur la précision, la méticulosité. J’ai aussi passé pour la première fois du temps dans la vigne pour mieux connaître le cycle végétatif. Au domaine du Pas de l’Escalette, j’ai découvert les cépages et les sols des Terrasses du Larzac. Enfin, chez Olivier Jullien, j’ai pu parfaire mes connaissances sur la vigne, aller plus loin encore dans la précision, la rigueur. Avec lui, on réfléchit aussi constamment à ses actes, à ses choix, aux décisions à prendre. Ca a été une très belle expérience, totalement dans le sens de ce que je me voyais faire.

Et le Clos Maïa est donc né dans la foulée…

Peu après. Olivier Jullien m’a d’abord indiqué des noms de villages où je pourrais m’installer. Et puis j’ai rencontré Olivier Jeantet (Mas Haut-Buis) qui m’a montré des vignes et le Clos Maïa a vu le jour en 2009 avec un peu plus de 4 hectares (2 hectares de Grenache, 1,5 hectare de Syrah et le reste en Carignan, Roussanne , Terret-Bourret, Œillade et Aramon). C’est aussi Olivier Jeantet qui m’a rassuré à mes débuts car ce n’est pas évident quand il faut faire seul tout ce que l’on faisait de manière très encadrée auparavant.

Produire un vin 100% Grenache à son premier millésime c’est assez courageux, non ?

Peut-être mais je n’avais pas le choix, du moins pas pour la grande cuvée. Je n’aime pas autant la Syrah d’ici que celle du Rhône septentrional, et je ne possédais pas assez de Carignan. En plus je ne savais pas que 2009 serait une année solaire. J’ai donc dû faire avec ce que j’avais, sans trop me poser de questions, et sans compromis. Finalement, j’ai eu beaucoup de chance car j’ai définitivement compris qu’on ne produisait un vin qu’avec le raisin qu’on a. J’ai même probablement gagné quelques années à ne pas trop gamberger sur le thème du vin idéal !

 

Le chai actuel du Clos Maïa.

Et maintenant, comment vois-tu ces prochaines années ?

Puisqu’on parle d’idéal, j’aimerais construire un nouveau chai, toujours à La Vacquerie, où il y a davantage de fraîcheur. J’aimerais un chai qui corresponde totalement à mes objectifs et à mon idéal sur le plan technique et qui permette des vinifications avec un minimum d’intervention. Je vais aussi vers une utilisation plus parcimonieuse du bois, en privilégiant les cuves en béton et les foudres. J’aimerais aussi pouvoir acquérir davantage de Carignan, de Cinsault et d’Oeillade sur les mêmes terroirs d’altitude tout en ne dépassant pas une surface maximum de 6,5 hectares.

Quels sont tes vins préférés et ta plus grande émotion en dégustation ?

J’aime évidemment les vins du Mas Haut-Buis mais aussi ceux du Mas Jullien, de Gauby, du Clos Rougeard, de Huet, de Clape, de Jamet, d’Overnay, sans oublier Henri Bonneau. J’ai eu l’occasion de goûter deux fois une Romanée Conti, avec des souvenirs extraordinaires. Mais mon plus grand émoi reste un Cailloutis 1996 du Mas Jullien.

LE CLOS MAÏA EN BREF:

Terroir

À quelque 400 mètres d’altitude, le terroir est façonné majoritairement par une géologie argilo-calcaire. Il reçoit plus d’eau que la moyenne en Languedoc, ce qui est un grand avantage avec des sols drainants évitant tout stress hydrique. La profondeur de ces sols permet en outre aux racines de plonger facilement et les éboulis calcaires procurent un supplément de minéralité. Cette association entre fraîcheur et humidité est le cocktail parfait pour produire des vins racés, droits et digestes. A cela s’ajoute la présence régulière d’un vent venu du nord, véritable antibiotique naturel, favorisant une culture en bio.

Viticulture

Aération des sols, griffage, labours en surface afin de redonner de la vie au sol.
Pas de désherbant.
On laisse la vigne se régénérer sans trop la restreindre.
Taille à deux yeux ou trois yeux francs.
Pas de vendange en vert ni d’effeuillage sauf en cas de millésime particulièrement humide.
Traitements au soufre et au cuivre à doses homéopathiques.
Soufre en poudrage dès la floraison.
Recours à des extraits de pépins de pamplemousse pour renforcer l’action du soufre et du cuivre, notamment contre le mildiou.
Certification bio en cours, application de certains principes de la biodynamie.

Vinification

Les vinifications ne suivent pas un schéma type, c’est la qualité du raisin qui décide.

Pour les rouges, il n’y a pas d’éraflage-foulage systématique. Aucune acidification, aucun enzymage n’est pratiqué. En revanche, l’utilisation de levures indigènes est une constante. Les remontages et les pigeages ont lieu en fonction de la dégustation avec un souci de faire primer l’infusion sur l’extraction. L’assemblage du jus de goutte et du jus de presse n’est pas impératif.

Le Petit Clos est élevé un an en cuve tronconiques en béton alors que le Clos Maïa fait sa fermentation en foudre Stockinger de 2000 litres et y finit son élevage, idéalement d’une durée de deux ans.

Le Clos Maïa blanc débute quant à lui sa fermentation alcoolique en cuve puis fait le reste des fermentations en barriques à une température oscillant entre 18 et 21°C. Géraldine Laval pratique une légère oxygénation à l’aérateur d’aquarium. Si l’élevage du Clos Maïa blanc 2009 a duré deux ans, celui du 2010 ne sera que de neuf mois. Les vins ne subissent ni collage ni filtration.

Dégustation

Clos Maïa rouge 2009
Les fruits du verger, la cerise au kirsch, l’amande et une touche chocolatée signent un nez intense et complexe. La bouche est riche, la matière suave, finement poivrée, constituant un ensemble harmonieux pourvu d’une tannicité élégante et d’une allonge certaine. Un vin (100% Grenache) déjà délicieux actuellement mais qu’on peut également attendre. Il gagne à être carafé.

Un commentaire sur “Le bel avenir du Clos Maïa

  1. joëlle sans dit :

    Coucou,
    Bravo et merci pour l’amour le courrage ta volonté farouche du travail, pour les sols argilo calcaire et drainant et le vent du nord et tous les éléments cosmiques et telluriques qui font naître tes cépages au mille grappes et tes vins incroyables.
    ça ma fait plaisir de te lire et de te voir avec la vigne et dans ton chais.
    Biz à bienôt.
    Joëlle en aveyron.

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