Vins du Brésil (2ème partie) : Angheben, qualité de père en fils

DSC00580Rencontre avec Idalencio Francisco et Eduardo Angheben, le père et le fils, à la tête depuis 1999 d’un petit négoce familial de qualité qui produit 30 000 bouteilles par an.

Idalencio Francisco Angheben peut se prévaloir d’une expérience certaine : n’a-t-il pas été le premier brésilien à être engagé par Chandon do Brasil, la filiale locale de Moët et Chandon ? Et n’a-t-il pas enseigné la viticulture et l’œnologie au Centre Fédéral d’Education Technologique de Bento Gonçalves il y a plus de trente ans, contribuant à former une pléiade de viticulteurs et d’œnologues brésiliens ?

Aujourd’hui il est consultant en viticulture, notamment pour deux entreprises pionnières qui ont investi dans des terroirs propices à la production de vin. C’est lui qui y a planté les 23 hectares de vignes et qui les bichonne désormais, d’autant qu’elles fournissent le raisin ensuite vinifié par Eduardo Angheben, son fils œnologue.

Celui-ci prône des méthodes de vinification peu interventionnistes : « nous voulons faire des vins représentatifs du terroir et du cépage, avec moins d’alcool et plus d’acidité, de fraîcheur. Nous nous considérons comme des artisans, loin de vouloir copier les modèles chiliens et argentins. »

À propos de cépages, la famille Angheben a délibérément choisi de sortir des sentiers battus et de laisser la partie congrue au Merlot, au Cabernet Sauvignon et au Chardonnay, si populaires au Brésil et dans le Nouveau Monde en général.

Idalencio Francisco Angheben est ainsi allé plusieurs fois en Italie pour effectuer des recherches approfondies sur les cépages qui s’adapteraient le mieux au sol et au climat des parcelles dont il a la charge dans la région de l’Encruzilhada do Sul.

Celles-ci, situées sur des sols basaltiques, granitiques et argileux, font donc la part belle au Teroldego, au Nebbiolo, à la Barbera, ou encore au Touriga Nacional et au Gouveio (deux cépages portugais), au Pinot Noir et au Gewürztraminer. D’autres cépages comme le Dolcetto et le Sangiovese ont finalement été abandonnés parce que les résultats n’étaient pas probants.

Les Angheben, qui ne manquent pas de suite dans les idées, vont prochainement lancer un nouveau projet sur quelque quatre hectares entièrement dédiés aux cépages italiens Teroldego, Barbera et Rebo (un croisement entre Merlot et Teroldego).

EN BREF

Maison fondée en 1999. Viticulture : vignes en espaldeira, c’est-à-dire plantées en espalier, verticalement et en rangées parallèles de deux mètres de hauteur et deux mètres entre les rangs, avec 3200 pieds par hectare en moyenne, mais des densités moindres pour les cépages les plus vigoureux comme le Teroldego, la Barbera, le Cabernet Sauvignon. Rendements moyens de 60 hl/ha, en diminution ; il y a une réelle volonté de baisser les rendements de certains cépages et de certaines vignes, notamment par le biais des vendanges en vert.

Au niveau des traitements, des fongicides sont utilisés pour combattre l’anthracnose et l’excoriose. « Avec notre taux d’humidité, c’est quasiment impossible de se passer de ces traitements, » explique Idalencio Francisco Angheben. « Sinon, nous le ferions sans hésiter. »

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Vinification : levures sélectionnées, pas d’extraction poussée, des filtrations très légères et un élevage moyen de 6 à 7 mois (mais dont la longueur est toujours déterminée par la dégustation) en partie en cuve et en partie en fûts de chêne américain, lequel, selon Eduardo Angheben, se prête mieux aux vins qui font de courts séjours en barriques et sont commercialisés assez rapidement.

DÉGUSTATION

DSC00578Angheben Pinot Noir 2012

Au nez, notes de fraise mûre et d’épices, léger boisé présent. Bouche tonique, agréable, digeste, arômes de rose, tanins légers, finale légèrement caramélisée.
 
 
Angheben Barbera 2012

Nez épicé avec des senteurs de fruits mûrs. Le boisé est encore présent en bouche, il devra se fondre, l’ensemble est moyennement dense, avec une jolie définition de tanins. C’est un vin dont la versatilité se combine très bien avec la gastronomie locale.

« La Barbera était très cultivée ici dans les années 1950-1960 avant de pratiquement disparaître au profit des cépages français, » raconte Idalencio Francisco Angheben. Elle retrouve grâce dans les vins de la maison.

Angheben Touriga Nacional 2008

Belles notes florales (jasmin, iris) et épicées, corps plus ample que les précédents, structure tannique plus présente aussi, beaucoup d’allonge en finale, c’est un vin taillé pour la garde.

Angheben Teroldego 2008

DSC00579Un vin d’une belle élégance au nez et en bouche, qui évolue dans le verre, avec un boisé qui s’atténue pour laisser la place à la palette des petits fruits noirs et à de jolies notes de cuir et de tabac. Structuré et tannique, équilibré et profond. De longue garde.
 
 
 
Angheben Brut (Espumante)

Produit selon la méthode traditionnelle champenoise, à base de Chardonnay et de Pinot noir, cet espumante, digne représentant de cette spécialité de la Serra Gaúcha, dévoile un profil léger, frais et digeste, avec des bulles denses et serrées. La finale n’est pas très longue mais l’ensemble extrêmement agréable.

 

Un commentaire sur “Vins du Brésil (2ème partie) : Angheben, qualité de père en fils

  1. Pascal Angheben dit :

    Ou pouvons nous trouver des bouteilles en France?

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