À la rencontre des cépages valaisans et valdôtains

Une conférence du Dr José Vouillamoz, spécialiste de la génétique des cépages, et une dégustation de vins valaisans issus de cépages autochtones ont constitué la pièce de résistance d’un séminaire récemment organisé par l’École du Vin de Changins au Château de Villa à Sierre.

Voilà un ouvrage que tout oenophile qui s’intéresse à l’ampélographie et aux vins des Alpes devrait avoir dans sa bibliothèque : Origine des cépages valaisans et valdôtains, l’ADN à la rencontre de l’histoire, par José Vouillamoz et Giulio Moriondo.

C’est un livre passionnant qui nous apprend d’où viennent exactement l’Amigne ou l’Arvine, l’Humagne ou le Cornalin, la Rèze ou le Rouge du Pays et bien d’autres encore.

Liens génétiques étroits

Surtout, il nous fait découvrir combien les liens génétiques entre les cépages du Valais et du Val d’Aoste sont étroits. Il tord aussi le cou à certains mythes comme celui qui attribue aux Romains l’introduction de ces cépages.

Enfin, José Vouillamoz et Giulio Moriondo corrigent certaines anomalies entrées dans les mœurs. Par exemple, le Cornalin du Valais, baptisé ainsi en 1972, l’a été à tort. En effet, le Cornalin est en réalité un cépage valdôtain, qui existait déjà au 19ème siècle et qui correspond à l’Humagne rouge, lequel n’a donc rien à voir avec le cépage Humagne !

Quant au « Cornalin » du Valais, il s’apparente au Rouge du Pays, sans doute l’un des plus vieux cépages valaisans et devrait donc s’appeler ainsi pour éviter une erreur ampélographiques, selon les auteurs du livre.

Vignoble millénaire

Sachez finalement que la première mention officielle de vignes en Valais remonte à 1052. On compte aujourd’hui 51 cépages cultivés sur les quelque 5000 hectares de vignoble valaisan. Les cépages indigènes ne représentent que 5% de l’encépagement total, alors que le Chasselas, le Gamay, le Pinot et le Sylvaner, cépages introduits au 19ème siècle, occupent les trois quarts de la surface viticole du canton.

Au Val d’Aoste, on dénombre 28 cépages cultivés sur 522 hectares avec une part de cépages autochtones en augmentation.

Dégustation de cépages valaisans

Chanton Vins, Gouais blanc 2010

Nez aromatique dominé par le buis et le bonbon de cassis. Rond et frais en attaque, acidité notoire en finale. Un vin un peu rustique et simple mais bien fait.

Château Ravire, Rèze 2009

Nez de fleurs blanches et de noisette, avec des notes beurrées, citronnées et boisées. Bouche assez grasse et dense, non dénuée de fraîcheur, touche balsamique en finale. On reste dans une certaine rusticité.

Cave Caprice du Temps, Humagne blanc 2010

Le nez fait penser à un Chasselas avec ses arômes de tilleul, d’agrumes et de pêche blanche alors que la bouche se montre onctueuse, avec une pointe de sucrosité, mais aussi une certaine élégance. Beau potentiel de garde.

Cave de St-Jodern, Heida Visperterminen 2011

Ce vin issu de Savagnin (Heida ou Païen en Valais) du vignoble en terrasses de Visperterminen exhale la pêche, les fruits exotiques et les agrumes et offre un beau volume, une texture souple et suave où l’on retrouve des arômes d’ananas et d’amande, et une finale fraîche, dynamique.

Gilbert Devayes, Humagne rouge de Leytron 2010

Voilà un vin doté d’une intéressante complexité aromatique (cassis, mûre, ronce, réglisse, violette, écorce de chêne), plus sauvage et rustique en bouche mais équilibré, avec des tanins qui restent civilisés et de l’allonge.

Antoine et Christophe Bétrisey, Cornalin 2009

Nez très élégant aux senteurs de cerise bigarreau, de café et de boisé fin. La bouche n’est pas en reste, dense et plutôt élancée, appuyée sur des tanins policés et rémanente. Un vin que l’on pourra boire sur dix ans au moins.

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