Ils vivent ensemble dans la vie comme dans la vigne, partagent le même idéal et la même philosophie quant aux vins qu’ils veulent réaliser mais ne font pas pour autant domaine commun. Tant mieux, car ainsi les talents s’additionnent au lieu de se fondre et au final les cuvées sont plus nombreuses avec des caractères différents, leurs personnalités propres.

Avant les vendanges, Géraldine Laval et Olivier Jeantet ont dû multiplier les passages dans les vignes pour s'assurer de la maturité des baies.
À la Vaquerie, au cœur du Larzac, à près de 800 mètres d’altitude, le Clos Maïa de Géraldine Laval est dans le haut du village, sur les premiers contreforts du col du Vent, le Mas Haut-Buis d’Olivier Jeantet dans le bas, là où s’ouvre le plateau qui conduit au cirque des Navacelles. Une situation idyllique dans un paysage féérique, classé récemment au Patrimoine mondial de l’UNESCO.
Diversité foisonnante
Les vignes s’imbriquent entre étendues apaisantes et diversité foisonnante de paysages, à une quinzaine de kilomètres en contrebas, sur les terrasses du Larzac, un terroir constitué essentiellement d’éboulis calcaires et marqué par des journées chaudes, des nuits froides et une pluviométrie non négligeable, autant d’atouts qui lui assurent de la fraîcheur et le préservent du stress hydrique.
Une douzaine de parcelles composent les quelque 11 hectares du Mas Haut Buis, contre sept pour le Clos Maïa et ses 4,5 hectares. Des vignes dont une grande partie est âgée de plus de 60 ans et où le Grenache domine, accompagné par du Carignan et de la Syrah en rouge, de la Roussanne, du Chardonnay et du Terret-Bourret en blanc.
Les vendanges du millésime 2011 se sont étalées sur un mois. Elles ont commencé le 22 août déjà avec la rentrée des Chardonnay. Une date exceptionnellement précoce, due à une année compliquée (voir le descriptif du millésime ci-contre).
Les Syrah ont été récoltées le 5 septembre, avec 15 jours d’avance, suivies des Grenache pour le rosé du Clos Maïa et de la Roussanne. Le reste des Grenache, le Terret-Bourret et le Carignan ont été rentrés entre le 12 et le 21 septembre. « Lors d’une vendange normale sur nos terroirs, nous les rentrons au début octobre, » précise Olivier Jeantet.
Floraison hétérogène
La complexité de ces vendanges résulte d’une floraison hétérogène et donc de maturités très différentes d’une parcelle à l’autre. « Il y a eu des départs de maturité, puis des blocages de maturité, il a donc été difficile d’anticiper et de décider. Ensuite, il a fallu trouver le juste équilibre entre le bien mûr et le mûr, sans perdre les acidités, » poursuit Olivier.
Reste que les passages répétés et les nombreux prélèvements que Géraldine et Olivier ont effectués dans leurs vignes, et la patience dont ils ont su faire preuve, ont permis de récolter des raisins d’une très belle qualité sanitaire et dotés d’une excellente acidité.
Et Olivier d’ajouter : « Le travail en bio que nous entreprenons depuis de nombreuses années nous assure d’avoir un état sanitaire quasi irréprochable alors que bien des vignerons de la région qui continuent à utiliser des produits chimiques ont été davantage affectés par l’ oïdium et le mildiou. »
Les rendements de 2011 (en moyenne 36hl/ha) ont été un peu inférieurs à ceux de 2010, mais il convient de rappeler que 2010 a été une année exceptionnelle.
Moins de bois
Au chai, tant Olivier Jeantet que Géraldine Laval vont poursuivre l’orientation prise ces deux dernières années vers une utilisation plus parcimonieuse – et sur tout différente – du bois pour les élevages. Ainsi les barriques bordelaises ont quasiment disparu au profit des demi-muids (300, 400 et 500 litres) et désormais deux foudres Stockinger de 2000 litres (un dans chaque chai).
« L’acquisition de cuves tronconiques en béton a changé mes techniques de vinification, avec des extractions plus en finesse. Pour les Carlines, j’ai abandonné l’élevage sous bois afin de rester résolument sur un profil de vin de plaisir avec du fruit et de la tension. Le Costa Caoude ne va plus qu’en demi-muids et en foudre. Dans le futur, il en sera de même pour les Agrunelles. D’une manière générale, je me suis rendu compte que les volumes de bois plus grands sont ce qui convient le mieux à mon style de vin et à nos terroirs, » explique Olivier Jeantet.
L’approche n’est guère différente au Clos Maïa, où Géraldine Laval ne veut plus qu’un boisé minimum et très fin. Ainsi le Petit Clos ne connaît que le béton et le Clos Maïa rouge seulement le foudre.